Santé : faut-il (vraiment) avoir peur de la cigarette électronique ?
La cigarette électronique est au centre des débats. Chaque fois qu’une étude vient démontrer son efficacité comme outil d’aide au sevrage tabagique et son innocuité, une autre lui fait un procès à charge sur une potentielle dangerosité pour la santé des vapoteurs sur le long terme. En réalité, les arguments se valent, que ce soit du côté des partisans ou des détracteurs. Faut-il avoir peur de la cigarette électronique ? C’est la question à laquelle nous allons essayer de répondre dans la suite.
Substances toxiques : vapeur et fumée de cigarette, même combat ?
Les défenseurs de l’e-cigarette avancent son caractère infiniment moins dangereux que le tabac au regard de la composition chimique du e-liquide vapoté. Ses détracteurs, quant à eux, braquent les projecteurs sur une zone d’ombre : les effets encore inconnus d’une utilisation prolongée. Pour démêler le vrai du faux, il convient de se poser une question essentielle : qu’en est-il de la cigarette électronique d’un point de vue scientifique?
La question qui se pose ici est de savoir si la vapeur d’une e-cigarette contient les mêmes substances toxiques que la fumée de tabac. Aucune étude n’a réellement comparé les effets à long terme de l’e-cigarette et du tabac sur l’organisme… jusqu’à tout récemment. Des chercheurs du département d’épidémiologie et de santé publique de l’University College of London, au Royaume-Uni, ont publié les résultats de leur étude dans la revue « Annals of Internal Medicine ». Ceux-ci révèlent une diminution significative de la concentration de produits toxiques dans l’organisme des anciens fumeurs qui sont passés à l’e-cigarette. Selon la même étude, cet aspect positif n’est plus à l’ordre du jour lorsque le vapotage est associé à la cigarette.
Concrètement, les scientifiques ont tenté d’identifier les principales substances toxiques du tabac chez plus de 180 participants fumeurs ou anciens fumeurs : oxyde d’éthylène, acrylamide, nitrosamines, goudron, monoxyde de carbone… Ces personnes ont été réparties en 5 groupes, dont un constitué uniquement de vapoteurs exclusifs. Le résultat est pour le moins spectaculaire : le taux de nitrosamines spécifiques au tabac sont réduits de 97 % chez les vapoteurs exclusifs par rapport aux fumeurs. Rappelons que les nitrosamines sont des substances cancérogènes, qui augmentent considérablement le risque de cancer des poumons.
E-cigarette : le rapport à charge de l’OMS
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a récemment défrayé la chronique en publiant un rapport dans lequel elle fustige la cigarette électronique. Pour l’OMS, même si on ne connait pas encore ses effets à long terme, l’e-cigarette est indéniablement néfaste pour la santé. Cette sortie a fait grincer des dents en France et au Royaume-Uni. Dans un communiqué de presse, plusieurs chercheurs du Science Media Centre soulignent le « passé d’activisme anti-cigarette électronique » de l’OMS. Pour Peter Hajek, directeur de l’unité de recherche sur la dépendance au tabac à l’université Queen Mary à Londres, ce passé nuit à la réputation de l’organisation en charge de la santé dans le monde.
Dans son rapport, l’OMS évoque le désormais célèbre cas des décès enregistrés aux Etats-Unis de personnes souffrant de lésions pulmonaires graves attribuées à la cigarette électronique. Encore une fois, le professeur Hajek monte au créneau, dénonçant cette position : « L’épidémie de lésions pulmonaires aux États-Unis est due à des contaminants dans des cartouches de marijuana illégales et n’a rien à voir avec le vapotage de nicotine ». Il ajoute que les cigarettes électroniques ont prouvé leur efficacité comme outil d’aide à l’arrêt du tabac, et sont infiniment moins dangereuses que ce dernier. Une position partagée par le directeur du centre britannique d’études sur le tabac et l’alcool, qui a déclaré que les cigarettes électroniques sont « clairement moins dangereuses que le tabac ».
Même son de cloche en France, où l’Académie de médecine n’a pas manqué de rassurer les vapoteurs, en réitérant que les cigarettes électroniques étaient utiles à l’arrêt du tabac, et beaucoup mieux contrôlées en France qu’aux Etats-Unis. En revanche, il est important de souligner que la cigarette électronique ne doit aucunement être utilisée dans un cadre récréatif. Pour en faire un allié décisif pour votre sevrage nicotinique, consultez votre médecin ou un tabacologue qui vous aidera à choisir les bons substituts pour maximiser vos chances.